Ma bulle d'oxygène

Ma bulle d'oxygène

Entre deux ... escales...

La femme est debout dans sa chambre d'hôtel. Elle est hôtesse de l'air et attend avec une vive impatience l'arrivée de son ami. Entre deux vols longs courriers, son planning lui permet de s'accorder deux jours de relâche.

 

Elle adore ce havre de paix situé à la campagne, pas trop éloigné de l'aéroport, mais dans un lieu idyllique, oublié des avions. Au calme, Annie profite de cette pause pour s'adonner à la lecture, à la relaxation et surtout pour partager quelques heures avec un homme qu'elle ne voit pas assez. Dave passe sa vie dans les avions, les aéroports parce qu'il exerce un métier qui l'oblige à voyager pour se faire connaître : il est peintre et son art est apprécié par delà les frontières.

 

Le hasard a voulu qu'ils puissent se retrouver ce jeudi ; cela fait deux mois qu'ils n'ont pas pu se rejoindre autrement que par internet ou se parler au téléphone. Annie est fébrile, elle guette son arrivée de la fenêtre de sa chambre, à l'étage du manoir. Elle a revêtue une tenue qu'il ne connaît pas encore, mais dont elle est sûre qu'il appréciera les lignes. Elle porte son parfum préféré, celui qu'elle portait le jour de leur rencontre, celui qui l'a fait craquer. Ce jour où, à la sortie de la salle du personnel naviguant, il s'est présenté avec un bouquet de roses roses et l'a invitée à venir boire un cocktail. Elle se rappelle parfaitement de cette rencontre.

 

Allez savoir pourquoi, depuis quelques semaines, un rêve la hante toutes les nuits. Sans doute a-t-elle très envie d'être dans les bras de cet homme qu'elle ne voit qu'entre deux escales ! Elle voit son ami la kidnapper, l'enlever pour une heure, un après midi. Toujours le même scénario. Il la plaque contre le lit à peine la porte franchie, ne prend pas la peine de lui ôter ses vêtements, la couvre de ses baisers. Ils roulent sur le sol. Elle défait un à un les boutons de sa chemise, fait glisser sa ceinture, le déshabille, vite, sauvagement. Dans ses songes, Annie lui demander d'être son professeur pour qu'il lui apprenne à connaître son corps, à aimer les réactions de sa chair, à entendre sa peau respirer sous ses mains, sous ses caresses. Elle suit du bout de ses doigts les esquisses de ses bras, dessine les contours de son visage, embrasse ses lèvres, son cou, sa nuque et se glisse dans son dos, se pose contre lui, couchée contre sa peau afin de sentir son corps respirer contre le sien, caresse son dos, ses bras, ses jambes, se laisse renverser sur le dos,  envahir par son désir, partir dans le plaisir, vers une autre dimension.

 

La première fois qu'ils s'étaient revus après leur première rencontre au club du Novotel de Roissy, elle n'avait qu'une crainte. Ne pas être à la hauteur des attentes de cet homme plus âgé qu'elle. Peur de ne pas savoir, de ne plus savoir. Il avait l'expérience de sa maturité, pas elle. Célibataire, une vie calme, peu de sorties. Saurait-elle le rendre heureux  ?  Tant de questions encombraient son esprit alors qu'elle vibrait à  la seule évocation de son prénom.

 

Tandis qu'un crissement de pneus dans la cour de l'hôtel attire son attention, une main se pose délicatement sur ses yeux en même temps qu'un tendre baiser se pose sur sa nuque.  Dave est là, près d'elle et elle ne l'a pas entendu arriver. Elle était dans ses pensées et n'a même pas perçue le bruit de la porte.

 

Penchée à la fenêtre de la chambre, elle regardait le parking où si souvent elle guette l'arrivée de sa voiture. Elle l'attendait.  Puis elle sentit sa présence. Il était déjà entré dans la chambre.

 

Il adore cette tenue, boutonnée de haut en bas. Elle la porte légèrement ouverte, jusqu'à la taille. Dave s'approche. Elle s'installe sur le divan, pose ses jambes nonchalamment autour de son corps, cambre ses reins pour qu'il la goûte, offerte à l'envie de ses mains, de ses yeux, de sa bouche. Une folle envie d'interdits qui lui rappelle qu'elle est vivante et désirable.


Les retrouvailles sont tendres, langoureuses, puis passionnées. Les vêtements d'Annie ont attiré Dave qui a joué avec les petits boutons de la longue jupe rose fushia puis a dégrafé une à une les pressions de son chemisier noir avant de la soulever dans ses bras et de la poser délicatement sur le lit.

 

Annie avait déjà sauvagement arraché la chemise blanche de son amant. Elle lui avait auparavant dénouer délicatement sa cravate noire en même temps qu'elle dansait langoureusement sur un slow de leur groupe musical fétiche. Cet air joué par le pianiste du club où ils s'étaient rendus la première fois, il y a quelques mois. Le titre était évocateur et à ce moment précis, c'était exactement ce qu'elle voulait. Qu'il mette ses bras autour d'elle. Dans ces moments là, elle était elle-même, Annie la sauvageonne, la sensuelle, la femme dont seul Dave connaissait les jardins secrets, les émotions, les points sensibles  et elle était sereine.

 

Annie avait découvert des chefs d'œuvre sur la peau de Dave et adorait dessiner de ses doigts les contours de ces motifs. Par bonheur, ils n'étaient pas tous peints aux mêmes endroits de son corps alors la séance de dessin se prolongeait délicieusement. Elle ne se connaissait pas cette passion et ce don pour le dessin. Elle en connaissait les contours les yeux fermés et c'était un moment dont ne se lassait jamais son amant.

 

Tous deux  savaient que demain soir, ils seraient à nouveau séparés pour plusieurs semaines alors ils profiteraient de ces instants à chaque seconde.

 

Dave avait tout prévu avant de rejoindre Annie ce matin. Il avait commandé un déjeuner froid, mais délicat, qui serait servi dans leur chambre dès lors qu'il passerait un coup de fil à l'accueil de l'hôtel. Après, ils vivraient d'amour et d'eau fraîche, dans ce manoir ou ailleurs, selon leurs désirs les plus fous.

 

 



11/10/2009
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