Ma bulle d'oxygène

Ma bulle d'oxygène

Rencontre

Eté 1977. L'homme  qui passe devant moi sur le trottoir est si différent du type d'homme qui pourrait attirer mon attention que je néglige le sourire qu'il m'adresse, détournant mon regard vers la moto qu'il vient de garer devant la boutique de vêtements  que je prévoyais de visiter. La quarantaine, rasé de près le regard pétillant, la coiffure souple frôlant les épaules. Plutôt bel homme, mais un peu trop sûr de son charme sur la gente féminine. Il se retourne à nouveau, cherchant à susciter un intérêt de ma part et là, naïvement se heurte au panneau de signalisation placé sur son chemin. J'éclate de rire et me dirige vers lui pour vérifier qu'il ne s'est pas blessé. Et là, je craque. Ses yeux verts émeraudes, son sourire. Je fonds d'émotion. Et lorsqu'il me propose de boire un verre, de l'autre côté du pont où nous nous sommes croisés, j'accepte d'emblée.

 

Le cadre est champêtre et propice à la discussion. Il s'excuse de m'avais mis mal à l'aise en m'observant avec insistance et se révèle plus délicat qu'il ne m'est apparu la première fois. Mes premières impressions m'ont laissé penser qu'il draguait par habitude et en parlant avec lui, mes préjugés se sont dissipés. Bien sûr, je ne sais rien à son sujet, mais il ne cherche pas à obtenir de détails privés me concernant, me raconte qu'il visite la France en moto, au fil des petites routes, des villages pittoresques. La vie de bohème quelques mois de suite pour oublier quelques aléas de sa vie. Il avait besoin de se reconstruire. Une affiche de cirque à l'ancienne installé dans la ville où je vis lui a donné envie de s'arrêter et ma robe a attiré son regard.

 

Le tissu chatoyant et brillant a eu un effet magique sur lui. Il m'a pris pour une artiste de la troupe du cirque et n'a pas résisté à l'envie de m'aborder. Il a bien vu que je n'avais pas pour habitude de me retourner sur un simple sourire. L'incident du poteau a eu un effet plus attractif et a déclenché une réaction à laquelle il ne s'attendait pas.

 

Et là, nous sommes là, tous les deux, un homme, une femme inconnus deux heures plus tôt et nous bavardions, comme de vieux copains, de lieux de balade, de souvenirs perso, de musique, de gastronomie. Un certain charme s'opérait à l'ombre des arbres, le long du cours d'eau. N'étant pressés ni l'un ni l'autre par des obligations, nous décidons de rester sur place, de commander le menu gastronomique de l'estaminet puis de nous rendre à 21 h sur la place du village où se représentait le cirque. Leur spécialité était les numéros façon ancienne, début du siècle, vêtus années 20 et ils offraient un bal musette en fin de spectacle.

 

La soirée se passe très agréablement. Les flonfons de la fête résonnent dans notre tête alors que l'on marche dans les rues du village. Il m'accompagne à la porte de mon appartement et me demande très gentiment si l'on pourrait passer la journée du lendemain à visiter la région. J'ai accepté de suite sans m'interroger sur cette relation qui naissait entre nous. Amis ce soir, amants plus tard, qu'importe de quoi sera fait notre avenir à court terme. Nous prolongerons notre rencontre demain, en prenant un petit déjeuner au café du village, puis visiterons la région en moto, sans nous poser de question l'un et l'autre.

 

 

 



10/02/2009
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