La maison blanche
La maison était blanche. Sur la façade, quelques pierres de Chauvigny donnaient un peu plus de cachet à la maison. Le toit, sur les quatre pans, était recouvert d'ardoises. Deux "chiens assis" le rehaussaient.
Le terrain était clos par une clôture et un portail blanc.
Devant la maison, des arbres étaient plantés sur la pelouse. L'un deux, immense, avait été l'un de nos premiers sapins de Noël. Des haies de troènes et de lauriers habillaient les clôtures situées entre notre terrain et celui de nos voisins.
Une grande allée séparait la maison du bord de la route. Elle longeait ensuite le côté gauche de la maison, nous invitant dans une grande cour, puis dans le potager. Cette cour, je la vois encore, vaste, lumineuse, fleurie. Des parterres de fleurs la décoraient de tous côtés.
Un grand saule pleureur planté sur un côté nous offrait de l'ombre dès les premiers beaux jours. Nous pouvions manger à 20 personnes sans craindre les coups de soleil. D'une ancienne roue de charrette, mon père avait fait une table toute cimentée et carrelée.
En face, un très grand portique vert menthe, puis un ancien grand tonneau de viticulteur dans lequel mon parents entreposaient des outils de jardinage.
Ce jardin, je l'aimais beaucoup même si parfois il était synonyme de petits travaux saisonniers (les légumes, les fruits, les mauvaises herbes …). Un potager très fourni et des arbres fruitiers nous assuraient des fruits et légumes à longueur d'année.
La maison aussi était spacieuse. Un sous sol, un rez-de-chaussée et des combles. En 1965, seul le rez-de-chaussée était habitable. Trois chambres, une cuisine, un salon, une salle à manger et les sanitaires.
Les années passant, l'un de mes frères a souhaité avoir sa chambre dans le "grenier". Une chambre a été aménagée et deux vélux illuminaient cette pièce. Un escalier escamotable nous permettait d'y accéder librement. Plus tard, dans le but d'installer un laboratoire photo ,c'est au sous-sol qu'une chambre a été aménagée.
En 1981, le haut, comme on l'appelait, a été modifié. La structure de la charpente a changé et deux vrais chambres ont vu le jour. Un véritable escalier installé dans ma première chambre menait à mon royaume et à la salle de couture de ma mère.
Hormis la charpente et l'escalier, tout le bricolage a été effectué par mes parents.
Pour cette raison, elle avait plus de valeur à mes yeux.
En 1989, mes parents ont décidé de vendre la maison pour s'installer en Bretagne.
Depuis, je suis retournée une fois voir la maison et le nouveau propriétaire m'a fait visiter les lieux. Que d'émotions ! Revoir ces lieux, berceau de mon enfance. Même si les murs n'avaient pas bougé, il n'y avait plus la même âme dans la maison. Les habitants avaient changé, la décoration également. Ce n'était plus vraiment ma maison.
Mes parents ont acheté une nouvelle maison. Ils ont installé les meubles qu'ils possédaient avant. Mais je ne serais jamais chez moi chez eux. Ce sont des meubles que je connais, mais ce ne sont pas mes murs. Des souvenirs ne se déménagent pas comme des meubles. Ils restent là où ils se sont créés.
Cette maison, elle est située en Touraine, dans une petite ville nommée FONDETTES. Arrivée à 18 mois dans ce lieu que tous appelait le Bourg, j'ai vu les évolutions au fil des années. Je revois encore les quelques boutiques, l'école, le quartier où j'habitais où seules quatre maisons jalonnaient la route . A quelques mètres de là, le terrain de football où jouaient mes frères et d'où ils pouvaient entendre mes parents les appeler du balcon.
Et puis, devant, derrière et après la dernière maison, des champs à perte de vue. Le bonheur de faire du vélo, du patin à roulettes, de promener son chien au bord de la route sans craindre les véhicules. Le bonheur d'aller à pied au bourg ou à l'école, sans aucune appréhension pour les parents.
Les années ont passé, la population a évolué de manière importante et les différentes infrastructures également. Le bourg a changé, mais il a su garder son charme. Je revois en mémoire les différents chemins que j'empruntais pour aller chercher le pain, le journal, faire des courses au "Codec" chez M. et Mme Blanc, les gens que je croisais régulièrement, … Evoquer ces petits détails réveillent en moi beaucoup de souvenirs émotionnels et visuels.
Nostalgique du passé, je le suis sans doute. Peut-être souhaitez-vous savoir la raison qui m'a obligée à quitter ce lieu alors que je le regrette tant ? Je vais vous le dire. Un simple mot qui parle de lui-même : chômage. Sans lui, je serais sans doute encore là-bas. C'est une noble cause, me direz-vous. Un mal pour un bien. J'aurais toujours près de moi MA MAISON, même si je n'y vivais plus depuis 2 ans lorsque j'ai tout quitté. Mes parents ont déménagé puisque leurs enfants avaient quitté la région
je garderais toujours au fond de moi, MA MAISON et mon joli bourg de Fondettes, à 10 km de Tours.
Valérie