27 novembre 2003

La route est longue et sinueuse sur un terrain plat. Par beau temps, on aperçoit quelques bâtiments d'agglomérations environnantes. Lorsque le jour se lève ou décline, des faisceaux lumineux animent le bord gauche de ma voie. C'est la piste, la piste 3 de l'aéroport d'Orly. Les avions se posent les uns après les autres et ne sont qu'à quelques dizaines de mètres au dessus de ma voiture.

Aujourd'hui, brouillard épais sur la plate-forme ; il est 8 heures, le jour n'est pas levé et j'entends vrombir des réacteurs le temps que l'avion survole ma route. Je me sens bizarre, tel un poisson prisonnier dans un bocal fermé. La visibilité est très limitée et un frisson me saisit de la tête au pieds. Le temps de respirer profondément, tout en conduisant prudemment, j'aperçois enfin les lumières de mon bâtiment. Tout va bien, je suis arrivée.

L'odeur du café chaud me vite oublier cette cage de verre que symbolise pour moi le brouillard. Il fait bon et la bonne humeur de l'équipage me permet de commencer la journée dans des conditions agréables.

28 Novembre 2003, quelque part sur la terre, en été

Je suis là, face au petit étang situé en face de l'école maternelle. Assise sur un banc, je regarde évoluer canards et cygnes, entre deux paragraphes d'un roman. Puis deux femmes d'un âge avancé, très coquettes, posent leur sac de pain près de moi et lancent les friandises aux volatiles.

Une fois leur tâche accomplie, elles prennent place sur le banc et m'intègrent à leur discussion sur la chaleur, la fatigue engendrée et leur manque de sorties dû à cette température trop élevée. Nous ne sommes qu'en juin et le soleil n'a pas fini de nous chauffer le corps !

29 novembre 2003, je ferme les yeux et je me souviens d'un moment sensuel …

Les tracteurs passaient sur le chemin communal qui longeait la bâtisse Aveyronnaise. Derrière moi, des prés, des champs de blés et de maïs s'étendaient à perte de vue. Et moi, appuyée contre la petite barrière clôturant le terrain, j'étais là, sous le bouleau dont les branches et les feuilles frémissaient sous le vent léger de l'été. L'herbe verte sous mes jambes nues me provoquaient des sensations agréables tandis que j'écrivais le récit de ma journée passée au Petit Versailles, le dos dénudé, offert aux rayons du soleil, les pieds en liberté dans l'eau fraîche et limpide du Viaur.

Là, maintenant, je ferme les yeux, les souvenirs reviennent et tout me semble magique : Les oiseaux chantaient, les feuillages dansaient au gré de la petite brise, l'astre céleste jouait à cache-cache et nous chauffait le corps, l'eau courait sur les galets ronds.

29 novembre 2003

A quoi pense cet homme perdu dans son costume et son grand manteau noir, sous les arcades à la sortie du cimetière ?

A son ami disparu, confiera-t-il bientôt à cette jeune fille inconnue, vêtue de couleurs gaies et semblant sortie d'un univers magique.

Elle lui dit que la vie continue et l'entraîne avec lui pour savourer une paëlla et évoquer des moments heureux de la vie du défunt.

Il sourit à la jeune femme et réalise qu'il ne rêve pas : elle est là, dans sa jolie robe de soie blanche, parsemée de roses rouges.