Ma bulle d'oxygène

Ma bulle d'oxygène

Ce jour là, devant lui de grands espaces...

François repensait aux raisons qui l’avaient entrainé à fuir sa vie d’avant. Un déclic au cours d’un dernier séjour passé  dans une petite station de Savoie.  Il était rentré chez lui avec ses proches. Sur le parcours, il n’avait pas beaucoup parlé. Il se rappelait la montagne, les grands espaces, le calme, les relations de proximité avec les commerçants du petit village. Tout ce qu’il recherchait lors de ses vacances précédentes et qu’il quittait à grands regrets pour rentrer dans sa région. Il avait des idées, des projets mais ce n’était pas facile de tout quitter. Ces changements devaient se prévoir dans de nombreux domaines. Il n’avait pas l’âge de la retraite, alors il s’était organisé un nouveau mode de vie, avait planifié son avenir : Un an de formation continue auprès d’un organisme spécialisé, apprentissage dans un secteur géographique qui recherchait de nouveaux habitants et correspondait à ses critères d’emploi.

 

Il voulait fuir le stress de cette métropole, sa population bruyante, son incivilité, ses grands centres de taille surdimensionnée, la circulation incessante des véhicules, les moyens de transports bondés  Il ne supportait plus cela. Cela s’était répercuté sur sa vie personnelle et il refusait de gâcher 25 années de vie commune. Depuis,  il était parti préparer sa reconversion dans un coin de France cher à son cœur : l’Auvergne. Là, certains week-ends, il avait parcouru de nombreux chemins de randonnées avec un groupe et surtout des guides natifs des sites qu’il traversait. Ainsi à une quinzaine de reprises, il avait marché dans différents lieux, entendu les échos du quotidien des habitants, leur désolation liée à la désertification des villages qui justifiaient fermeture d’école et commerce de proximité.  Cela commençait à prendre forme dans son esprit.

 

Et un  jour, François était soi-disant parti pour un périple dans l’Aveyron, encadré par un accompagnateur. Plusieurs jours s’étaient passés sans nouvelle, mais il  avait prévenu son entourage qu’il aurait tout débranché pendant une semaine, qu’il en avait besoin pour réfléchir. La date de son retour n’avait pas été fixée mais en toute logique, il était censé revenir chez lui avant de chambouler son existence et celle de ses proches. Au lieu de cela, il avait déposé sa voiture sur une place de village dans l’Aubrac et était  parti, seul, sac à dos,  découvrir d’un peu plus près son environnement.

« Ce jour-là, il s’était perdu au milieu d’un bois dense, touffu, loin de tout. Il avait marché comme les enfants dans les contes. Egaré. Et puis soudain, dans l’immense trouée du ciel clair, devant lui, … »

Un océan de nature. De grands espaces. C’était immense. Il n’aurait jamais imaginé que cela puisse exister. Un horizon de verdure. Au-dessus de lui, le ciel, les nuages, le soleil. Pas de montagne, pas de forêt, pas de fleuve. Plus d’obstacle.  

Il ne serait plus contraint de contourner les rivières pour avancer. Plus besoin de repérer la mousse sur les arbres pour tenter de ne pas perdre le nord. Terminées l’escalade des sommets pour atteindre la vallée suivante.

Il était libre de marcher droit devant lui, face à l’horizon. Il pouvait s’asseoir et observer le soleil se lever ou se coucher. La nature s’offrait à lui. Il allait poursuivre son chemin de réflexion. Sa méditation solitaire. Il pouvait reprendre ses conversations intimes, à haute voix sans se tracasser des obstacles qui pourraient se présenter sur son passage ;

Quelques heures plus tard, il écrivait une longue lettre à son épouse pour la rassurer et lui expliquer ce qu’il envisageait de faire dans les semaines à venir avant de prendre une décision primordiale pour son futur. Il imagina la scène. Elle ne fut pas surprise du contenu de sa lettre et accepta son choix. Son histoire ici allait continuer malgré la routine quotidienne. Pour avoir vécu ailleurs une autre qualité de vie, elle comprenait son mari.

François n’était pas prêt à rentrer, mais dans  quelques semaines, ils allaient se retrouver aborder le sujet et prendre sereinement des décisions. Celles-ci pourraient revêtir des aspects qu’il n’imaginait pas mais le bonheur et le bien être de chacun méritaient d’y réfléchir quitte à accepter des sacrifices.

 

 



13/03/2014
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