De l'eau aura coulé sous les ponts
De l’eau a coulé sous les ponts
depuis le jour où, de guerre lasse, j’ai fait preuve de résignation
devant l’évidence même. Jamais je n’irais aux Etats-Unis. Pour des motifs que
je n’évoquerais pas ici, je ne traverserais jamais l’Atlantique. Ni avion, ni
en transatlantique.
Nous sommes en 1963 et je rêve
d’ailleurs.
Terminé le rêve des grands
espaces américains où d’immenses troupeaux allaient d’un état à l’autre,
escortés par de nombreux cavaliers.
Finies les envies de bayous en
Louisiane.
Envolés les désirs de balade à
New York.
Eclipsées les virées le long de
la côte Ouest et celles sur la Route 66 en Harley.
Je resterais ici dans mon
village. Pas celui où j’ai vécu mon enfance dans la vallée des Ours, mais là-bas
sur les hauts plateaux du pays de mes ancêtres en Sibérie. Lieu des rendez-vous
annuels avec le clan, la famille pendant
de nombreuses années.
J’apporterais à ces populations
ce dont ils ont besoin. Mais je n’ébruite pas car je ne veux pas que d’autres
envahissent ce territoire.