Un port, un album photos
Dans un port, une femme trouve un album photo. Elle le ramasse, le tourne et l'ouvre afin de connaître l'identité du propriétaire. Ne trouvant aucun indice, nom ou cliché pouvant identifier son ou sa propriétaire, elle se met en quête d'un plan du port ou mieux encore de la capitainerie. Là, elle trouvera peut être des personnes susceptibles de l'aider à reconnaître à qui peut appartenir cet album pour lui déposer à son adresse ou de lui transmettre par courrier.
Elle reprend sa route. Elle croise des marayeurs qui lui indiquent le lieu précis qu'elle recherche. Elle se hasarde néanmoins à leur montrer l'album qui à la vue des premières pages palissent rapidement. Ils reconnaissant un compagnon de pêche dont ils n'ont pas de nouvelles depuis 4 mois. Il est parti en claquant la porte de leur patron. Depuis personne….
A un moment précis de son trajet, elle trouve la mémoire d'un évènement ancien. Elle se souvient avoir entendu parler d'un bateau de pêche, Le Kermor" qui avait pris la mer malgré des conditions météorologiques très instables. La pêche avait été fructueuse, mais l'équipage était revenu fatigué, énervé, enragé après leur patron qui ne pensait qu'aux bénéfices de sa poissonnerie située au centre du Guilvinec. Le retour avait été houleux tant sur le plan des conditions de navigation que relationnel. Alors …
Ailleurs, quelqu'un décachetait une lettre. Marylène, une femme de pêcheur sans nouvelles de son compagnon depuis 4 mois venait d'ouvrir son courrier. Une lettre aux tons pastels, pliée en trois dans une enveloppe aux mêmes teintes, annonçait à la femme une très bonne nouvelle : Pierrick était vivant mais, après une vive altercation et une mise à la porte, avait eu onte de rentrer chez lui sans sa paye durement …… [gagnée]
Dans une église désaffectée, on entend parfois la cloche sonner. Parfois elle annonce le glas, parfois une excellente nouvelle. Quand un homme malheureux guide, au son des carillons, sa femme sur le chemin de campagne où ils se sont rencontrés il y a 25 ans lorsqu'ils étaient enfants. Un symbole….
L'absence de Pierrick
Pierrick avait invité sa femme à le retrouver à la chapelle de la Pointe du Raz. Un lieu qu'ils affectionnaient tous les deux, depuis que le hasard d'une fête de village leur avait permis de se rencontrer. Un concours de danse folklorique. Des souvenirs merveilleux. D'autres fêtes de villages. Tous les ans, depuis qu'ils vivaient ensemble, ils se retrouvaient là pour se remémorer ces moments. Aujourd'hui, cela serait différent. Pierrick était gêné de revoir Marlène qu'il avait laissée dans l'ignorance la plus totale par lâcheté. Du moins c'est qu'il pensait de lui-même. Or, il n'avait pas à rougir s'avoir oser dire non à son patron à remettre les pieds sur son bateau dans de telles conditions météorologiques. Elle avait du savoir que le bateau était rentré puisque la presse locale avait évoqué le cas du bateau égaré en mer …
Ils étaient dix sur le chalutier à avoir connu la peur de leur vie, persuadé d'avoir vécu leurs dernière heure, loin des leurs, dans une tempête si prévisible, mais leur patron était inflexible : ils devaient ramener de la marchandise à n'importe quel prix …; ils l'avaient contacté lorsqu'ils étaient en pleine tempête pour prévenir qu'ils rentreraient à la première accalmie. Le refus avait été net. Le Kermor ne rentrerait pas vide !!!
Alors au retour, quelques jours plus tard, Pierrick était allé parler au propriétaire du bateau et lui avait dit qu'il ne partirait pus au risque de sa vie. Il s'était fait licencié immédiatement.
A l'approche des fêtes pascales, l'époux de Marylène honteux et confus de ne pas rapporter un salaire à la maison s'enfuit dans une ville bretonne chercher du travail et retrouva une place dans un commerce. Plus jamais il n'aurait peur en mer.
Tout cela il lui avait raconté dans cette lettre écrite sur une feuille aux couleurs douces. Mais sa femme aura t –elle compris sa fuite, son désespoir, son absence de nouvelles depuis quatre longs mois.
Aujourd'hui, il revient près de chez lui pour expliquer tout cela à Marylène si elle a accepte de le rejoindre. Le lieu est symbolique. Seules les pierres tiennent cet édifice et deux cloches rappellent que cette chapelle fut témoin d'évènements importants dans les environs. Plus de décoration intérieure, plus de porte, quelques vitraux.
Sur le chemin, Pierrick aperçoit sa femme qui avance face à la chapelle. Elle n'a pas changé, mais sur son visage se lit une réelle souffrance. Il sait pourtant qu'il rentrera avec tout à l'heure dans leur maison blanche aux volets bleus. Si elle est venue c'est qu'elle l'a déjà pardonné. Il la connaît par cœur depuis le temps.
Demain, ils trouveront dans leur boîte aux lettres un petit colis. Un emballage en papier krakt entourait quelque chose qui ressemblait à un livre. A l'intérieur, une carte de visite et son album photo. Un cadeau précieux. Pierrick l'avait perdu le jour où il était rentré de cette campagne de pêche. Un porte bonheur qu'il emportait toujours avec lui afin de penser encore plus à ses proches lorsqu'il était loin des côtes.