Ma bulle d'oxygène

Ma bulle d'oxygène

Cataclysme

Chère Anne,

Ce jour-là, vous savez il faisait très chaud, très sec. L’air était irrespirable. D’un bleu azur le matin tel que vous l’aimez,  le ciel était devenu gris vers 16 heures, puis noir. Le vent s’était levé brusquement, arrachant les grillages des clôtures, brisant des troncs d’arbres. Nous étions totalement désarmés face aux éléments déchaînés de la nature. Muets. La tempête nous avait arraché tous nos mots. Les éclairs ont déchiré le ciel toute la nuit. Le tonnerre grondait et le ciel semblait éclater tout autour de nous.

Chez vous, seule dans cette grande maison, vous n’auriez guère été rassurée. Toutes les communications étaient interrompues. L’électricité coupée. Plus de liaisons ferroviaire, aérienne. Les routes étaient fermées en raison de glissements de terrains ou d’inondation en certains points de la ville.

Ici, nous n’avons jamais vu cela. Trente ans que nous sommes installés dans ce pays, tout comme vous, et aucun cataclysme de ce genre. Les plus anciens racontent qu’une catastrophe était survenue dans les années 50. Vous imaginez que les conséquences furent différentes en raison d’un réseau de communications et de transport moins développé. Mais ce fut catastrophique à l’époque.

Le hasard a voulu que vous soyez parties à l’étranger pour quelques semaines afin de rendre visite à vos enfants. Vous voilà en France pour un mois de plus suite à votre chute lors d’une partie de tennis avec vos filles. Fracture du pied, immobilisation cinq semaines sur un lit. Une tuile pour vous puisque vous aviez projeté de voyager un peu au cours de votre séjour.

Je me permets de vous suggérer de rester là-bas autant que vous le pourrez. Ici tout est paralysé. On commence à manquer d’eau potable, les soins vont devenir délicats à assurer dans les prochains jours, les prochaines semaines. Et l’acheminement des aides internationales difficiles en raison des terrains d’aviation dévastés.  Les ports sont les seuls accès sauvegardés. Les bateaux servent à transporter les colis, lettres et denrées d’urgence.

Je serais heureuse de vous revoir à Sydney lorsque la situation redeviendra à peu près normale.

En attendant ce jour, je vous souhaite bon courage pour votre convalescence.

 

Bien à vous

Votre amie NICKY

 

 

 

 

                                                                                               



08/06/2011
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