Ma bulle d'oxygène

Je suis dans l’attente, dans le désir d’écrire. Cet instant où l’idée de partir en voyage dans un autre monde ne doit pas être perturbé. C’est à ce moment que naissent les premières notes de la fugue musicale qui m’emporte. C’est là que tout commence. Pourquoi ? Ou ? Qui ? Quand ? Tout bouge dans ma tête. Je ne quitte plus mon stylo, je ne réponds plus aux attentes des uns et des autres. Les minutes défilent et plus rien ne compte pour moi. J’entends au loin les cloches des églises. Bientôt j’aurais fait le silence autour et de moi et la journée aura commencé. Le jour se lève à peine. Les rayons du soleil frôlent la montagne. Je suis devant le fenêtre du chalet et je suis bien. La verdure a repris ses droits. Le printemps est enfin revenu après cet hiver si rude. Les marmottes se font entendre. Les oiseaux accompagnent mon évasion et ponctuent mon texte en sifflant sur le balcon de la maison. C’est leur façon de dire bonjour et merci pour le petit déjeuner. Tous les matins, c’est le même rituel, je me lève aux aurores, prend mon petit déjeuner, dépose quelques graines et de l’eau pour mes amis à plume sur la terrasse puis vais m’installer face à la montagne, devant la fenêtre. Mon bureau est là, ou plutôt ma table d’écriture. Ici nul document administratif. Un cahier, des stylos et un ordinateur portable qui me suis partout au gré de mes déplacements, histoire de graver sur la toile mes souvenirs, mes sensations, mes idées d’écritures prochaines. Anecdotes, personnages, curiosités. Tout peut être source d’écriture, tant de choses à écrire. Pourquoi ?  pour qui ?

L’artiste peintre, le sculpteur est regardé. Mais celui qui écrit n’est jamais perçu au même titre. Allez dire que vous peignez, vous sculptez, aussitôt vos interlocuteurs auront la pupille qui brille. Admiration pour celui qui sait faire quelque chose de ses mains. Ensuite, on aime ou on n’aime pas, tout est question de goût. Mais quand vous apprenez à des tiers que vous appartenez à un atelier d’écriture, que vous écrivez, on vous regarde éberlué. Vous écrivez quoi ? ça sert à quoi ? sans même prendre le temps de découvrir, vous êtes déjà jugés, voire dévalorisés. Pourtant il y a tant tant de choses à dire, à écrire. Des histoires, qui nous font rêver, des histoires qui libèrent, des histoires qui font réfléchir. Témoignage de vie passée, récits d’aventure, souvenirs qui aident à passer le relais à de jeunes générations. Alors oui écrire, se décrire, s’écrier, crier, beaucoup aimerait le faire ! Oui, j’ai osé le faire et espère le faire encore longtemps.