Ma bulle d'oxygène

Ma bulle d'oxygène

J'ai rencontré Vronski

J'ai rencontré VRONSKI ce matin à la gare. Son prénom était Igor mais toute l'école l'appelait par son nom de famille parce qu'il était l'étranger, le russe, le seul et l'unique du lycée. Je ne l'avais jamais revu depuis 10 ans. C'est lui qui est venu vers moi, il m'a reconnu tout de suite m'a-t-il affirmé. J'étais sur le quai de la gare à attendre des amis en provenance du sud-ouest ; vêtue d'un jean et d'un sweat, il lui a semblé faire un bond dans son passé  car j'arborais le même look qu'à l'époque où j'allais au lycée : cool, quoi !!! En aurait-il été de même si nos chemins s'étaient croisés un jour de semaine lorsque je suis en jupe courte et escarpins ? Nul ne le sait.

Il s'est approché de moi sans que je m'en aperçoive, a prononcé un nom de ville que je connaissais fort bien ainsi qu'une date et là je me suis retournée et ai découvert un bel homme d'une trentaine d'année aux yeux clairs, d'un charme égal à celui que j'avais gardé enfoui dans ma mémoire d'adolescente.

Il était la coqueluche des filles du lycée qui, elles, adoraient s'afficher avec un étudiant venu d'ailleurs et surtout être dans ses petits papiers pour lui faire connaître la ville, apprendre le français et la culture de la France.

Moi, la p'tite brune à lunettes, je ne me faisais aucune allusion quant à l'éventualité qu'il connaisse mon existence. Je bossais en cours, ne traînait pas à la sortie du lycée et ne fréquentais pas les bars d'étudiants. Je le croisais le matin à l'arrêt du bus lorsque j'arrivais. Il était encore seul à ce moment-là. Il me disait bonjour avec son accent bien marqué. C'est tout. Je savais, en entendant les potins des élèves de ma classe, qu'il était en France depuis six mois et apprenait le français pour travailler dans le tourisme. Autant dire qu'il avait du travail en perspective.

Ce soir, Gare de Lyon, c'est lui qui est venu vers moi, a prononcé  « WIESBADEN, août 1981 ». Cela ne pouvait pas être le hasard. Pas dix ans après, pas là. Il a commencé à se présenter en s'excusant, dans un français parfait quasiment absent d'un quelconque absent, de m'aborder ainsi.

J'étais abasourdie et émue que ce VRONSKI se soit souvenu de moi au point de me reconnaître sur un quai de gare, dix ans plus tard.

 



23/01/2011
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