Le vent
Il est froid, humide. Ses gifles cinglent notre visage, glacent nos mains. Invisible, il tournoie autour de nous, nous agresse, nous bouscule, nous abrutit. Eole murmure à la rose des vents son retour. Elle ne bouge pas, l’ignore totalement alors il siffle, souffle, s’apaise avant de se déchaîner. Il nous contraint à l’esquisse de pas de côté, d’arabesques si l’on tente de lui échapper, c’est son simulacre de danse de la mort, son rite pour nous persuader que l’on est rien face à lui. Le vent nous pousse hors de nos certitudes. C’est lui le maître, celui qui domine.
Subitement, il nous accorde un peu de répit, cherche à se faire oublier, voire pardonner. Sa violence se mue en une brise légère, nous apporte un peu de chaleur, quelques courtes minutes, laisse passer un rayon de soleil pour détourner notre attention et frapper encore plus violemment. Il est vicieux. Il veut nous engloutir, nous détruire, nous garder pour lui. Sa présence, c’est une bourrasque, un tourbillon impétueux qui nous coupe du monde, nous empêche de parler, d’appeler au secours. Il s’abat sur ses victimes, les terrorise toujours, les blesse souvent, les tue parfois. C’est l’ennemi indestructible.